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Déforestation au Brésil : la justice rétablit un moratoire sur le soja

La justice brésilienne a rétabli provisoirement le moratoire visant à ne pas commercialiser le soja cultivé dans les zones de l’Amazonie touchées par la déforestation.

La justice brésilienne a rétabli provisoirement la validité d’un moratoire visant à ne pas commercialiser le soja cultivé dans les zones de l’Amazonie touchées par la déforestation, après sa suspension vivement critiquée par les ONG.

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Une juge fédérale a décidé de suspendre la décision du régulateur brésilien de la concurrence, le Conseil administratif de la défense économique (Cade). Ce dernier avait annoncé le 18 août la suspension à titre provisoire du moratoire, au motif que cette mesure datant de 2006 était anticoncurrentielle et nuisait aux exportations brésiliennes de soja. Avec ce moratoire, de grandes entreprises s’engageaient à ne pas acheter de soja provenant de terres déboisées, un mécanisme considéré comme efficace dans la lutte contre la déforestation de la plus vaste forêt tropicale de la planète.

Une décision à confirmer

Selon le texte de la décision judiciaire rendue lundi, obtenu par l’AFP, la suspension du moratoire par le Cade est « disproportionnée et prématurée » et n’a pas tenu compte des critères techniques et juridiques, ni des avis d’organismes publics tels que le ministère de l’Environnement. La décision s’appliquera dans l’attente de l’avancement de la procédure administrative ouverte au sein du Cade, selon le document.

Au Brésil, le Parlement est majoritairement conservateur et de nombreux élus représentent le puissant lobby de l’agronégoce, un des moteurs de la croissance. Le moratoire a été signé à l’époque par des représentants de l’industrie du soja, sous la pression notamment du marché européen face à l’augmentation de la déforestation en Amazonie.

Les signataires du moratoire, une trentaine d’entreprises exportatrices dont des géants mondiaux comme l’américain Cargill ou le français Louis Dreyfus, se sont engagés à partir de 2008 à ne plus commercialiser de soja provenant de terres déboisées. La décision du Cade de le suspendre a été fortement critiquée par les ONG de défense de l’environnement, à trois mois de la Cop 30 à Belem.

Des ONG satisfaites

Greenpeace Brésil a salué l’intervention de la justice car « suspendre le moratoire risquait d’encourager de nouvelles déforestations, en plus d’envoyer des signaux négatifs à l’égard d’accords similaires », a déclaré Cristiane Mazzetti, coordinatrice en forêts, citée dans un communiqué. Selon plusieurs ONG, la déforestation a chuté de 69 % de 2009 à 2022 dans les zones concernées par le moratoire.

Le Brésil est le premier exportateur mondial de soja, avec des ventes internationales s’élevant à 96,8 millions de tonnes entre janvier et novembre 2024, selon la Compagnie nationale d’approvisionnement.

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